NOTICE HISTORIQUE
(extrait du livre de A. DUBOIS – disponible à la Bibliothèque de Sevrey)
SEVREY est un nom d’origine romaine. Il est formé du gentilis SEVERUS, additionné du suffixe IACUS qui indique la possession, autrement dit SEVERIACUS signifiant : pays possédé par le Gallo-Romain SEVERUS.
A travers les âges, ce nom a subi plusieurs transformations : SEVREI, SIVEREIS (XIIème siècle) ; SEVRE (XIIIème siècle) ; SEUVREY (XVIème siècle) ; SEVREY (XVIIIème siècle).
Le territoire de Sevrey a dû être habité dès les temps préhistoriques ; on a trouvé en 1863, entre la ferme du Temple et le bois de Hirley , de nombreuses hachettes en pierre polie.
Le défrichement du bois Jean-Baune en 1825 a mis à découvert un tumulus renfermant des cendres et plusieurs coutelas de fer datant de l’époque Gauloise.
La période Gallo-Romaine à laquelle nous devons le nom même de la commune est représentée par le tombeau de SEVERIA-SEVERA trouvé sur le territoire de Saint-Loup au XVème siècle. La pierre gravée se trouve au Musée Archéologique de Chalon-sur-Saône.
L’histoire de la première partie du moyen âge est des plus obscure ; les titres qui font mention de Sevrey ne vont pas au-delà du XIIème siècle.
Les Seigneuries
En 1449, les lettres du Duc de Bourgogne déclarent Sevrey et Mépilley localités franches sans exception.
Deux maisons seigneuriales étaient élevées sur le finage : celle d’Hirley et de Deroux.
Avant la révolution, Sevrey, Mépilley, Deroux, les moulins Fredin et Moissonnier, l’Abergement et La Loge constituaient la paroisse de Sevrey. Son territoire, d’un millier d’hectares environ, relevait de plusieurs seigneuries ; Sevrey et Mépilley appartenaient au moyen âge aux seigneurs de Saint-Loup-de-Varennes.
Les Tupiniers
De toutes les associations réunies au village de Sevrey au moyen-âge, la corporation des Tupiniers ou fabricants de pots de terre, est la plus ancienne. Cette corporation émettait la prétention d’avoir seule le droit de fabriquer des «tupins» de terre dans tout le chalonnais.
Guillaume DE SANDON, Seigneur de Sevrey, leur accordait en 1388 des lettres de franchise et de maîtrise.
Une ratification de leurs droits leur fut donnée en 1501 par lettres royaux du roi Louis XII lors de son passage à Chalon.
En 1508, une transaction entre les tupiniers et leurs seigneurs vint régler les statuts de leur profession.
De nombreux fragments de pots (ou tupins) sont encore retrouvés aujourd’hui au bourg de Sevrey. Un four a été mis à jour lors des travaux de terrassement au lotissement des Chagnots à Sevrey.
Une exposition des poteries de Sevrey se trouve au Musée Denon à Chalon-sur-Saône.
L’argile servant à la fabrication des pots était prélevée sur la zone des fosses blanches (argile blanche) et sur la zone des fosses rouges (argile rouge).
Ces terrains sont restés très longtemps incultes, parsemés de buissons de ronces et de genêts avec de nombreux creux d’eau où proliféraient grenouilles et sangsues.
Les agriculteurs du village utilisaient le site pour ses coins de pâture et les enfants pour les jeux de plein air.
L’implantation du C.H.S.
C’est vers 1965 que Monsieur Louis VERCHERE, Maire de Sevrey, cédait au département de Saône-et-Loire, les 90 hectares de terrains communaux non cultivés de la zone des fosses blanches et des fosses rouges dans le cadre du projet de construction d’un Centre Psychiatrique départemental ; le département de Saône-et-Loire ne disposant pas, à l’époque d’équipement public de soins aux malades mentaux.
Le patrimoine communal de Sevrey
Sevrey est une commune dont l’ensemble bâti le plus important est implanté entre l’autoroute et la voie ferrée. Le bourg ancien est relativement compact, implanté le long de la RD 294. Des ensembles plus récents se sont implantés dans l’épaisseur du bourg mais offrent un visage groupé de village au réseau viaire cohérent en boucle. L’habitat est constitué de longues bâtisses offrant visuellement des surfaces de toiture importantes.
Une grande partie de son territoire se trouve à l’ouest de l’autoroute mais accueille très peu d’habitants.
Le patrimoine est composé de :
- 4 croix dont 2 incluses dans un mur
- 1 pompe
Nous trouvons de nombreux puits privés dans les cours.
Les croix marquent certains carrefours. En revanche, quelques murs et porches en pierre, privés, rythment les rues, comme de beaux ensembles de bâti ancien.
La croix du bourg
Située dans la partie sud-est du cimetière, sur l’arrière, elle n’est pas datée.
Dotée d’un emmarchement circulaire d’un degré. Le socle circulaire en pierre est légèrement évasé. Le fût cylindrique semble plus récent.
C’est une croix quadrangulaire sans inscription ni sculpture.
Toutefois une description réalisée par les archives départementales faisait état d’une croix quadrangulaire aux branches sculptées à leur intersection d’une couronne d’épines et au revers d’un cœur.
La partie haute de l’ouvrage a été changée (différence de teinte).
Les croix dans le mur du cimetière
Deux croix sont incrustées dans le mur nord du cimetière.
La première, à gauche du portail, est sculptée dans une pierre plus sombre que les pierres du mur. Elle est composée d’une seule pierre.
La seconde, située au bout du transept de l’église est sculptée dans une pierre claire. Une des branches comporte un important éclat. Les deux autres branches sont gravées de « O » et « C ».
Une troisième devait être gravée du « A » pour « O Crux Ave ». Elle comporte un cœur en saillie à la croisée des bras. La branche basse (ou base) est complètement éclatée.
Autrefois le mur devait être enduit et les croix recouvertes.
![]() |
![]() |
|
|
Histoire de l’église de Sevrey
Une église médiévale transformée au XIXe siècle
On peut dire que l’église de Sevrey revient de loin car elle a échappé de peu à la destruction ! Remontant au Moyen Age, elle est vraisemblablement fondée au XIIe siècle. L’ancienne église, d’architecture romane, est ainsi décrite au début du XIXe siècle : elle est précédée d’un porche-auvent en charpente, couvert en tuiles plates ; ce porche abritait, paraît-il, un groupe de statues de bois figurant la Cène, dont les têtes avaient été brisées pendant la Révolution. A l’intérieur de l’église, la voûte de la nef est en bois, la charpente apparente ; l’autel se trouve au fond d’une abside en cul-de-four, derrière deux piliers massifs qui soutiennent le clocher ; une chapelle a été ajoutée côté sud, dans le style gothique.
Lors de la Révolution, l’église échappe à la destruction grâce à 23 paroissiens qui l’achètent au moment de sa vente comme bien national, en 1796, « pour la Conservation de la Religion Catholique ». Une trentaine d’années plus tard, en 1828, l’église est rétrocédée à la commune en échange de terrains communaux à partager entre les sauveteurs de l’édifice ou leurs ayants droit.
Au fil du XIXe siècle, l’église se révèle trop petite pour la population de la commune (1164 personnes en 1857) d’autant que bon nombre des habitants de Lux, localité voisine, s’y rendent aussi, leur propre église ayant été démolie à la fin de la période révolutionnaire et le village rattaché à Sevrey. En outre, l’église de Sevrey est en mauvais état : il y pleut et le pavé cède par endroits. Un premier projet d’agrandissement, en 1839, envisage de démolir l’abside et de la remplacer par un porche d’entrée mais ce projet est abandonné (heureusement, on verra pourquoi plus loin…).
Sous le Second Empire, la municipalité prévoit à nouveau l’agrandissement de l’église. Un deuxième projet est écarté, faute de ressources suffisantes, mais une nouvelle chapelle est tout de même construite côté nord, en 1856, symétriquement à l’ancienne chapelle gothique ; une habitante aisée de la paroisse, Madame Darru, finance cette construction consacrée à la Vierge Marie. Finalement, c’est un troisième projet d’agrandissement qui est retenu, élaboré par l’architecte chalonnais Lazare Narjoux. Le chantier est adjugé en 1858 à un entrepreneur de la commune, Claude Fricaudet.
L’architecte conserve dans son projet l’abside romane en cul-de-four, couverte de laves, ainsi que les deux chapelles formant un faux transept. Le clocher roman au-dessus du chœur est démoli ; quant à l’abside, elle servira désormais de sacristie. L’agrandissement consiste en une nef rallongée d’une douzaine de mètres, voûtée en berceau, recouverte de tuiles plates provenant de la tuilerie de Droux ; un nouveau clocher est édifié en façade. Les travaux touchent à leur fin quand, le 30 août 1860, un ouragan jette la charpente du nouveau clocher sur la toiture de la nef, ce qui entraîne des frais supplémentaires. Le chantier s’achève en 1862. En bas de la nef, deux plaques murales de marbre noir installées en 1863 portent le nom des bienfaiteurs et administrateurs ayant fait restaurer l’église. Un peu plus tard, la grande porte est surmontée d’un tympan représentant Saint-Martin – patron de la paroisse – partageant son manteau avec un pauvre, œuvre du sculpteur Jean-Baptiste Briand, datée de 1866.
Des éléments remarquables, inscrits monuments historiques
L’église de Sevrey conserve plusieurs statues anciennes :
– au-dessus de l’arc brisé de l’abside, un Christ en croix ; bois taillé polychrome du XVIIIe siècle ;
– près de la chapelle de droite, une pietà, ou Vierge de pitié (la Vierge pleurant la mort de son fils, Jésus, après la descente de croix) ; bois taillé polychrome du XVIe siècle ;
– au fond de l’abside, l’autel et le tabernacle, datant du XVIIIe siècle : l’agneau du sacrifice (symbole du Christ) repose sur la Bible ; bois taillé et doré.
A voir également : un bel ensemble de bancs, les plaques murales portant le nom des soldats de la paroisse « Morts pour la France » lors des deux guerres mondiales et, près de la petite entrée latérale, la pierre tombale d’un riche marchand-fermier de la paroisse ayant vécu au XVIIIe siècle, Pierre Lacour.
Des fresques exceptionnelles
Toutefois, le plus extraordinaire se trouve dans l’abside romane : de remarquables peintures murales ont été découvertes lors de la rénovation de l’église, au cours des années 1970. Ces fresques pourraient remonter aux XVe et XVIe siècles ; elles sont classées Monuments Historiques depuis 1983.
La mise au jour des fresques a d’abord été confiée à des bénévoles sous la direction de l’organisme « Sites et Monuments de Bourgogne du Sud ». Ensuite, les peintures ont été restaurées par le peintre-restaurateur japonais Hisao Takahashi, en 1989.
Placé dans une mandorle (figure en forme d’amande, symbole de gloire), le Christ en majesté est assis et fait le geste de la bénédiction ; l’index et le majeur dressés indiquent sa double nature, humaine et divine, les autres doigts repliés rappelant le dogme de la Trinité. De la main gauche, le Christ tient le Livre (la Bible) ; ses pieds reposent sur une sphère (volume parfait, symbole de la divinité).
Le Christ est entouré des symboles des évangélistes en médaillons : l’homme ailé pour Mathieu, le lion ailé pour Marc, le taureau ailé pour Luc, l’aigle pour Jean. Un phylactère (banderole présentant un texte) dont l’inscription n’est plus lisible s’échappe du bec de l’aigle et de la gueule du lion. L’espace intermédiaire est orné d’un grand Arbre de Vie qui évoque le Paradis et la vie éternelle ; cet ensemble daterait du XVe siècle.
De part et d’autre de l’ancien autel figurent deux représentations de saints martyrs très populaires, datant probablement du XVIe siècle : à gauche, on reconnaît Saint-Adrien, en armure, un lion à ses pieds ; il tient dans sa main droite une épée reposant sur son épaule et dans sa main gauche un bloc sur lequel est posé une sorte de marteau ; ces derniers objets suggèrent le supplice d’Adrien. Officier de l’armée romaine sous l’empereur Maximien, vers 300, Adrien se convertit au christianisme. Refusant de sacrifier aux dieux romains, il est supplicié : après avoir été fouetté au point d’être éventré, on lui brise les membres sur une enclume. Traditionnellement, Adrien est le saint patron des bouchers et des soldats ; il est également invoqué contre la peste.
A droite de la fenêtre, se trouve Sainte-Barbe – sainte plus ou moins légendaire – tenant la tour dans laquelle elle a été enfermée par son père afin d’écarter les nombreux prétendants que sa grande beauté attire. Elle se convertit au christianisme. Alors son père, après avoir fait subir de terribles supplices à sa fille, la décapite lui-même, ce qui lui vaut d’être aussitôt foudroyé, en représailles divines. Sainte-Barbe est notamment la patronne des métiers en lien avec le feu (pompier, par exemple) ; elle pouvait être aussi implorée en cas d’orage, contre la foudre. A Sevrey, existait jadis une confrérie Sainte-Barbe dont les membres visitaient les malades et assistaient aux enterrements.
Durant des siècles, les paroissiens de Sevrey ont pu contempler ces fresques… Celles-ci ont probablement été badigeonnées au cours du XIXe siècle ou bien sous la Révolution, quand l’église était alors devenue « Temple de la Raison ». Au fil des années, l’existence de ces images avait été oubliée.
François Prost, Lux, le 18 janvier 2025
Sources d’information : archives municipales, départementales, diocésaines ; livre : A. Dubois, Notice Historique sur Sevrey ; collaboration, articles ou dossiers de Mmes ou MM. Courtot, Dumoulin, Montgolfier, Oursel, Petrini-Poli, Prieur, Sapin, et de la DRAC de Bourgogne Franche-Comté.